Chez Niño Feliz, chaque famille a son histoire
Un jour de 1992, Niño Feliz reçut la visite d’une de nos premières familles, la famille Fernandez. C’était un jeune couple très pauvre avec 4 enfants de 8, 6, 4 et 2 ans. Trois filles et 1 garçon. Ils arrivaient de l’intérieur du pays à la recherche de meilleures conditions de vie. Le père avait un métier dans la ferronnerie, la maman était femme au foyer.
Vu leurs difficultés, nous avons intégré les enfants dans notre système de parrainage. Pour les aider, la marraine d’un des enfants fit un don de 500 $. L’argent fut déposé sur un compte d’épargne en attendant de voir comment l’utiliser au mieux.
La Fondation Niño Feliz apporta son aide en procurant à la famille un repas quotidien dans l’un de ses comedores (réfectoires), ainsi que du lait en poudre pour les plus petits. En outre, l’éducation des enfants fut également prise en charge et Niño Feliz leur procura tout le matériel scolaire.
Au fil des années, des liens d’affection et d’amitié se sont noués avec cette famille qui n’avait aucun autre parent sur qui compter à Santa Cruz. Nous voulions également briser le cercle vicieux de la pauvreté en aidant le père à créer son propre atelier et en le mettant ainsi en condition d’œuvrer lui-même à un meilleur avenir pour sa famille.
Un jour, Paula, la maman, vint en panique à la Fondation demander de l’aide, car son mari souffrait de fortes fièvres et de pertes de conscience. Le médecin diagnostiqua une tuberculose nécessitant une prise en charge rapide dans un hôpital spécialisé. Malheureusement, la situation ne s’améliora pas.
Nous n’avions d’autre solution que de tenir la mère et les enfants à l’écart du papa. De plus, la maman nous annonça qu’elle était enceinte de son 5ème enfant. Il nous fallait absolument sauver cette famille ! La grossesse de Paula s’avéra par ailleurs difficile, au point qu’elle fut hospitalisée durant les 6 derniers mois. De plus, très affaiblie par les soucis et sa grossesse, elle fut également atteinte de tuberculose.
Elle était très inquiète de devoir laisser les enfants, mais nous lui avons promis que nous nous en occuperions, et nous leur avons trouvé une place dans un orphelinat tenu par des religieuses italiennes.
Paula accoucha finalement d’une petite fille qu’elle prénomma Teresita. Après la naissance, Paula fut transférée dans le même hôpital que son mari, dont l’état s’était subitement aggravé. Elle devait lutter contre sa maladie, sa solitude, l’angoisse due à l’état de santé incertain de son mari, mais surtout elle avait très peur de laisser ses enfants seuls. C’était trop pour une seule femme !
Paula et son mari décédèrent peu de temps après la naissance de Teresita…
Fidèles à notre promesse, nous avons pris soin des enfants. Ils ont pu aller à l’école, se nourrir, être suivis médicalement. Durant cette période, nous les avons aussi aidés émotionnellement et les avons entourés d’amour et d’affection..
Les enfants ont finalement été adoptés par 5 familles différentes, malheureusement de 5 provinces différentes et fort éloignées l’une de l’autre. Ils ont donc perdu tout contact entre eux et avec la Fondation, et chaque enfant s’est retrouvé seul dans sa nouvelle famille, sans frère et sœur.
12 ans après la mort des parents, nous avions des nouvelles ! Les deux sœurs aînées étaient venues à Santa Cruz pour nous rendre visite. Ce fut un grand bonheur, pour elles et pour nous, de nous revoir !
Nous avons alors décidé de les aider en leur donnant la possibilité de suivre une formation technique : mécanicienne dentaire pour l’une, aide-infirmière pour l’autre. Et toutes deux ont trouvé un emploi dès la fin de leurs études. Alors qu’elles étaient sans nouvelles de leur frère et de leurs deux autres sœurs, elles réussirent à en retrouver la trace via Facebook et organisèrent leurs retrouvailles fin 2016 à Santa Cruz, là où cette histoire débuta.
Entre-temps, la somme encore disponible sur le compte en banque ouvert à l’origine s’élevait en 2016 à 3.042$, montant que nous avons partagé entre les 5 frères et sœurs, à leur grande surprise et grande joie. Ils décidèrent de consacrer cet argent à l’achat d’une petite maison pour y vivre ensemble et travailler à leur avenir. Le seul homme de la famille, Tito, est cependant parti au Brésil pour travailler dans un atelier de couture, avec pour projet de devenir rapidement styliste et lancer sa propre ligne de vêtements.
Que Dieu soit loué d’avoir mis Niño Feliz sur la route de ces enfants pour tâcher de leur offrir un meilleur avenir ! Nous sommes tous convaincus ici que ces 5 jeunes réaliseront leurs objectifs personnels ! Toute existence est jalonnée d’obstacles qu’il faut pouvoir surmonter pour la réussir.
María Teresa Aspiazu de Nazra
Présidente Niño Feliz Bolivie